La mystification autour des réflexes archaïques

06/06/2023

Le thème des réflexes archaïques persistants et des perturbations qu'ils génèrent est de plus en plus en vogue. Certains se présentent comme spécialistes sur internet et les réseaux sociaux, alors qu'ils ne font que plagier ou extrapoler sur le sujet. 

Dans cet article, je vais vous expliquer comment faire la différence entre les vrais spécialistes et les amateurs. L'enjeu est important, car un grand nombre de bonimenteurs profitent à la fois de l'ignorance et de la fragilité des personnes en difficulté pour répandre des absurdités et faire des promesses abusives d'amélioration. Par exemple, ils prétendent qu'un réflexe archaïque (le RTAC) est à l'origine de la dyslexie. Citant parfois des publications scientifiques qui ne permettent en rien de l'affirmer, ou qui disent tout le contraire. Je montrerai comment la Psychoposturologie aborde beaucoup sérieusement ce sujet.


Paul Landon est la seule référence sérieuse dans le monde francophone

Depuis peu, on trouve un très grand nombre de gens sur internet qui parlent des réflexes archaïques et des perturbations qu'ils provoquent lorsqu'ils sont persistants, c'est-à-dire lorsqu'ils ne sont pas intégrés.

Leurs propos laissent penser qu'ils se sont très largement inspirés de mon grand ami Paul Landon et du Brain Gym de Paul Dennison. Lesquels font un énorme travail d'information et de formation dans ce domaine depuis une trentaine d'années. Les deux Paul connaissent très bien leur domaine, mais ils n'ont pas beaucoup de connaissances en matière de neurologie, de neurophysiologie, de neuropsychologie et de posturologie. Ils ne s'en cachent d'ailleurs pas et revendiquent pleinement le fait qu'ils sont autodidactes, davantage passionnés par les réflexes archaïques que spécialistes.

Je regrette que ceux qui parlent aujourd'hui des réflexes archaïques, ne prennent pas la peine de les citer et préfèrent s'attribuer leur mérite. Certains poussant l'incorrection jusqu'à revendre sous leur nom, les informations et les formations qu'ils ont reçues d'eux.

Au-delà de la manière, c'est également la pauvreté de leurs explications qui attire mon attention. Ils se contentent de répéter plus ou moins bien ce qu'ils ont entendu ou lu, sans maîtriser la complexité des mécanismes en jeu. Tout simplement parce qu'ils est nettement plus facile de faire sa publicité sur internet et les réseaux sociaux, que de creuser sérieusement un sujet complexe.

Ça n'est pas bien grave lorsque, comme les deux Paul, on s'en tient à une démarche d'information et d'éducation « tout public ». C'est à la portée d'à peu près n'importe qui de tester les réflexes archaïques, d'apprendre la liste des diverses perturbations que provoquent chacun d'eux, d'appliquer les procédures d'intégration, et/ou de proposer des exercices à faire. Concernant les exercices en question, Paul Landon en fournit d'ailleurs tout un livret téléchargeable gratuitement sur son site internet. S'attendre à ce que cela produise plus ou moins des améliorations, ne relève pas plus d'une quelconque expertise. C'est une évidence, tant ils ont été recommandés et pratiqués à travers le monde.

Mais l'amateurisme n'est plus acceptable lorsqu'on prétend traiter des dysfonctionnements comme la dysgraphie, la dyslexie, la dyspraxie, la dysorthographie, la dyscalculie, le TDAH, les troubles visuels, les troubles émotionnels, et même les troubles posturaux (l'attitude scoliotique, par exemple).

La qualification professionnelle ne suffit pas non plus. On peut très bien connaître son métier (psychologue cognitiviste, psychomotricien, ergothérapeute, orthophoniste, podologue, posturologue, kinésithérapeute, ostéopathe, entraineur ou coach sportif), cela ne signifie pas qu'on maîtrise les mécanismes neuro-fonctionnels ou neurocognitifs particuliers qui sont perturbés lorsque les réflexes ne sont pas intégrés. Les formations grand public ne suffisent plus. Il faut se spécialiser dans le domaine, afin d'être rigoureux et précis.


Traiter des troubles par l'intégration des réflexes archaïques est un métier à part entière

Prenons l'exemple basique des perturbations engendrées par les réflexes archaïques et leurs compensations particulières sous la forme de dysfonctionnements.

Au-delà du constat qu'un réflexe donné est persistant, des signes de sa persistance, de la liste des perturbations qu'il est susceptible de générer, et de la manière de l'intégrer, qu'est-ce qui ne fonctionne pas normalement du point de vue neurophysiologique ou neuropsychologique ? Qu'est-ce qui, dans la procédure d'intégration, modifie ce(s) dysfonctionnement(s) ? Quelles sont les modifications apportées ? Quelles sont les conséquences attendues ? Comment mesurer leur stabilisation dans le temps ?

Plus on est spécialisé dans le domaine des réflexes archaïques, plus on est capable de répondre précisément à ce genre de questions. Mais ça n'est pas tout. Plus on est capable aussi de savoir quand et comment adapter une procédure d'intégration à la problématique singulière d'un patient donné ; de saisir qu'il faut ajouter telle stimulation en vue de faciliter, d'augmenter, ou de généraliser, les effets de l'intégration ; d'établir des priorités parce que le fonctionnement est davantage perturbé par tel(s) réflexe(s) plutôt que par d'autres ; plus on est capable enfin, d'envisager des interventions complémentaires. Car contrairement à ce que veulent faire croire les mystificateurs au sujet des réflexes archaïques (mais aussi au sujet de la Posturologie), ces derniers n'expliquent pas tous les dysfonctionnements.


Activation du RTAC chez un bébé
Activation du RTAC chez un bébé

RTAC et dyslexie, une bonne dose de mythe saupoudrée d'un peu de réalité

Je vais illustrer mon propos à partir d'un sujet largement évoqué par les « amateurs » en matière de réflexes archaïques (et de Posturologie), concernant la responsabilité du Réflexe Tonique Asymétrique du Cou (RTAC) dans la dyslexie.

Le Docteur en Psychology anglais Martin McPhillips a mené trois études rigoureuses à ce sujet. Il a démontré que l'intégration du RTAC améliorait la lecture (McPhillips, Hepper, & Mulhern, 2000), y compris chez des enfants dyslexiques (McPhillips & Jordan-Black, 2007).

Pour autant, il affirme : « Il semblerait qu'un Réflexe Tonique Asymétrique du Cou persistant puisse être un problème particulier pour de nombreux enfants dyslexiques, mais ce n'est pas une caractéristique déterminante de la dyslexie. Et il est important de souligner que le phénomène des réflexes archaïques persistants et leur association avec les difficultés de lecture, ne constituent pas une théorie cohérente du développement de la lecture. Il peut être plus approprié d'interpréter la persistance des réflexes archaïques comme un « facteur de risque » développemental qui, en conjonction avec d'autres facteurs, peut avoir une incidence sur des aspects spécifiques du développement (y compris le développement cognitif). En d'autres termes, les réflexes archaïques persistants ne peuvent pas expliquer adéquatement l'émergence de difficultés de lecture, mais ils peuvent indiquer des enfants à risque de difficultés de lecture. » (McPhillips & Sheehy, 2004, p. 335).

En spécialiste de son domaine, la psychologie cognitive, Martin McPhillips ne prétend pas qu'un RTAC persistant est responsable de la dyslexie, mais qu'il joue simplement un rôle perturbateur dans le développement cognitif.

Deux conclusions s'imposent de ces seules trois études rigoureuses réalisées par un même chercheur, sur le seul sujet de la lecture, un seul réflexe archaïque, à l'aide des mêmes tests et de la même méthode d'intégration.

Premièrement, les personnes qui ont des difficultés de lecture ne sont pas toutes dyslexiques. Un intervenant sérieux doit donc maîtriser les dysfonctionnements spécifiques à la dyslexie, ainsi que les nombreuses autres causes de difficulté dans les apprentissages scolaires.

Deuxièmement, le RTAC ne peut pas être considéré comme la cause d'une dyslexie, mais comme un facteur à risque. D'ailleurs, un intervenant habitué à l'évaluation des réflexes archaïques sait bien que dans la très grande majorité où le RTAC est toujours actif, les gens n'ont aucun problème avec la lecture. Il sait qu'il y a des dysfonctionnements neurosensoriels et neurocognitifs qui sont en rapport avec le RTAC, et d'autres qui ne sont pas en rapport. C'est cela qu'il doit maîtriser. Car même s'il pratique exclusivement l'intégration de réflexes archaïques, il doit pouvoir envisager des interventions sur les dysfonctionnements qui ne sont pas modifiés par l'intégration du RTAC. Sinon il ment en prétendant améliorer les capacités cognitives en général, la lecture en particulier, ou des troubles neuro-fonctionnels comme la dyslexie.

De plus, bien que Martin McPhillips constate une amélioration des capacités de lecture après intégration du RTAC (que l'on soit dyslexique ou pas), il ne dit absolument rien sur les modifications neurosensorielles ou neuropsychologiques qu'il a produites. Il constate seulement que « ce qui permet au cerveau de lire » en général, fonctionne mieux. Sans dire quoi, et encore moins comment cela s'est amélioré.

Cela m'amène à une troisième conclusion. Si Martin McPhillips reste aussi flou, c'est qu'il a bien conscience qu'entre les signes d'un RTAC persistant, son intégration, et « ce qui permet au cerveau de lire », il y a beaucoup de choses au sujet desquelles il ne sait rien de précis. Comme il est enseignant chercheur au Département de Psychologie de l'Université Edge Hill au Royaume Uni, on peut supposer qu'il connaît les dysfonctionnements spécifiques à la dyslexie. Mais il ne semble pas connaître les dysfonctionnements neurosensoriels et neurocognitifs particuliers qui sont en rapport avec le RTAC. Il n'en parle pas. Il ne sait pas ce que la procédure d'intégration du RTAC qu'il a utilisée change dans le fonctionnement du cerveau. Il n'en parle que très vaguement. Il n'est donc pas spécialiste des réflexes archaïques. Il n'a d'ailleurs plus rien publié sur le sujet depuis 13 ans.

Si l'on est rompu à la démarche expérimentale, on devine aisément que ce chercheur ne s'est pas appuyé sur une véritable théorie. Il a simplement effectué une démarche exploratrice. Il a utilisé un seul test concernant le RTAC, une seule procédure particulière d'intégration de celui-ci, pour établir des liens avec des tests standardisés de lecture, dont il a croisé les scores avec une mesure des saccades oculaires (qui sont impliquées dans la lecture).

Or il existe au moins trois tests différents du RTAC, plusieurs procédures très différentes d'intégration de celui-ci, et une grande variété de mesures avec lesquelles mettre en lien les éventuelles améliorations apportées. S'il connaissait mieux le sujet des réflexes archaïques, il les aurait utilisés.

J'ajouterai à cela que les réflexes archaïques se testent individuellement, mais fonctionnent en synergie par groupes. Le RTAC est ainsi lié directement à d'autre réflexes archaïques comme le Réflexe Tonique Symétrique du Cou ou le Réflexe Tonique Labyrinthique, mais aussi à des réflexes qui ne font pas partie des réflexes archaïques (ils ne sont pas réputés s'éteindre) comme le réflexe vestibulo-spinal ou le réflexe vestibulo-oculaire. L'intégration de tous ces réflexes et leur contrôle n'étant pas nécessairement dévolu au seul complexe mésencéphale-bulbe rachidien, mais aussi au cervelet, voire les noyaux gris centraux. S'il connaissait mieux le sujet des réflexes archaïques, non seulement il en aurait parlé, mais il aurait construit ses expériences autour de cela.

On sait, par exemple, que le réflexe vestibulo-oculaire permet de stabiliser l'image sur la rétine malgré les mouvements de la tête. Son inhibition permet de tourner les yeux et la tête dans la même direction, ou dans des directions opposées. Chez le bébé, le RTAC inhibe systématiquement ce réflexe et active systématiquement le réflexe vestibulo-spinal. Lorsqu'il tourne la tête d'un côté, ses yeux la suivent, ses membres supérieurs et inférieurs entrent en extension du côté où la tête et tournée, et en flexion du côté opposé. Lorsque le RTAC est persistant, quel que soit l'âge de la personne, ce fonctionnement perdure au moins au niveau scapulaire (l'ensemble tête-épaules). Ces personnes ont des difficultés à fixer une cible tout en tournant la tête (à désinhiber le réflexe vestibulo-oculaire). Elles ont aussi des difficultés à ne pas tourner les épaules en même temps que la tête (à inhiber le réflexe vestibulo-spinal). Mais elles ont aussi des difficultés à suivre de la tête le mouvement de leur propre index qu'elles doivent déplacer du centre de leur corps vers la périphérie. Elles le suivent principalement des yeux, ce qui indique que leur vision n'est pas centrée sur la tête. Or on sait que pour une vision efficace du point de vue sensorimoteur, l'image doit être centrée sur la rétine, les yeux géo-centrés sur la tête, et la tête géo-centrée sur le reste du corps (Paillard, 1974 ; Paillard & Brouchon, 1968). Elles ont enfin des difficultés à toucher de l'index, le bout de leur nez puis une cible placée devant eux, alternativement, avec rapidité et précision. Or, l'inhibition temporaire de réflexes qui ne sont pas archaïques est sous la commande des cervelets. Ceux-ci gèrent également la précision, la fluidité, la vélocité et le rythme des mouvements. Ils ne peuvent pas être mis en cause directement dans le cadre d'un RTAC persistant, puisque le réflexe vestibulo-oculaire est bien inhibé. C'est donc le RTAC lui-même qui, conjointement et automatiquement, active le réflexe vestibulo-spinal et inhibe le réflexe vestibulo-oculaire. Et c'est cette association automatique qui empêche les cervelets d'inhiber l'un, ou l'autre, ou les deux, en fonction de la tâche à réaliser. De là, la stabilisation de la vision et les stratégies d'exploration visuelle indépendamment des mouvements de la tête, voire du plan scapulaire tout entier, sont susceptible d'en être plus ou moins affectées. Tous ces éléments théoriques auraient pu permettre à Martin McPhillips de mieux expliquer les phénomènes, et de sélectionner les tests les plus pertinents du RTAC, la procédure d'intégration la plus susceptible d'agir sur ces mécanismes, ainsi que des tests neuro-fonctionnels objectifs nettement plus fins.


La Psychoposturologie vous garantit le professionnalisme

Comme je l'ai dit en introduction, n'importe qui peut s'en tenir à des généralités concernant les réflexes archaïques, y compris dans des publications scientifiques. On peut même les montrer en action de manière spectaculaire et citer des recherches menées par d'autres pour se donner des allures de spécialiste.

Mais en ce qui concerne leur intégration et les améliorations réelles que l'on peut en escompter, ça devient vite beaucoup plus complexes. Surtout lorsqu'on se permet d'évoquer des troubles précis comme les troubles posturaux, les douleurs, les troubles des fonctions vitales, les troubles émotionnels et relationnels, ou les problèmes d'apprentissage.

C'est la raison pour laquelle j'ai développé la Psychoposturologie en tant que discipline à part entière. L'intégration des réflexes archaïques persistants y tient une grande place. Mais j'ai largement adapté les meilleures procédures existantes (celles de Paul Landon et de Svetlana Masgutova) afin qu'elles produisent des améliorations plus rapides, plus importantes, et plus stables. J'utilise également d'autres types d'interventions sur ce qui n'est pas amélioré par l'intégration des réflexes archaïques.

Ceci est possible parce que la Psychoposturologie dispose d'une structure théorique solide et d'outils de mesure, qui permettent d'isoler les dysfonctionnements neurosensoriels et neurocognitifs en rapport avec certains réflexes, des autres dysfonctionnements ; de déterminer ce qui opère à travers l'intégration ; et de sélectionner ainsi les interventions complémentaires qu'il faut pratiquer. Cette connaissance pointue des mécanismes en jeu, permet d'adapter le protocole de soin à la problématique singulière de chaque patient, mais aussi de repérer des limites dans les résultats obtenus et donc d'orienter efficacement vers d'autres intervenants.

Cette rigueur et ce sérieux ne doivent toutefois pas impressionner le lecteur. Apprendre les bases de la Psychoposturologie est tout à fait accessible lorsqu'on a un niveau Bac+3 en sciences humaines ou en santé. C'est une formation qui ne contient que 3 niveaux, dont les deux premiers se déroulent sur 4 jours. L'expertise vient avec l'implication et la pratique régulière, alimentées par la disponibilité, l'observation, l'attention, et la réflexion, portées sur ce qui se déroule avec chaque patient. Cela permet à chacun de comprendre à son rythme les éléments de cette discipline, sachant que toutes les informations sont disponibles dans la littérature scientifique. Tout est identifié. Il suffit de lire les travaux de ces chercheurs, de ceux qu'ils ont inspirés, et de suivre leurs nouvelles découvertes s'ils sont toujours actifs.


Une formation en Psychoposturologie niveau 1 se tiendra à Landerneau dans le Finistère, du 22 au 25 juin 2023. Inscrivez  vous !

Bénéficier d'un protocole de soin en Psychoposturologie est encore plus accessible. Le traitement ne nécessite aucun appareillage, aucun médicament. Les manipulations sont réalisées par le praticien et les actions demandées sont extrêmement simples. Si bien que des enfants, des personnes âgées, et des personnes handicapées – à condition de pouvoir suivre des consignes – peuvent en bénéficier. Les résultats sont objectifs et durables. Ils peuvent même être constatés par l'entourage ou d'autres professionnels. 


Comment se repérer dans ce qui se dit au sujet des réflexes archaïques ?

Communiquer sur les réflexes archaïques et les effets de leur persistance est une excellente chose. La méconnaissance du grand public oblige à vulgariser et à simplifier ce domaine complexe. Mais ça n'est pas une raison pour dire n'importe quoi et promettre n'importe quoi. 

Il y a seulement dix ans de cela, une requête générale sur Google ne menait qu'à quelques pages internet, soit en neurologie et en pédiatrie, soit ouvertes par des spécialistes des réflexes archaïques persistants (Paul Landon, Svetlana Masgutova, Peter et Sally Blythe-Goddard, Harald Bloomberg, Paul Dennison, Mats Niklasson).

Aujourd'hui, une requête sur le seul RTAC mène à 90 pages rédigées par des coachs sportifs, des coachs en développement personnel, des podologues, des posturologues, des ostéopathes, des kinésithérapeutes, ou des gens sans aucune qualification particulière. Tous se présentent comme savants en la matière. Certains prétendent même obtenir des résultats spectaculaires, ou avoir inventé une manière inédite d'intervenir, pour attirer le public vers leurs formations parfois très coûteuses, alors qu'aucun d'entre eux n'en dit plus que ce que l'on peut lire ou apprendre avec Paul Landon, Sally Goddard, ou Paul Dennison. Est-ce bien sérieux ?

Que vous soyez un patient potentiel, ou un professionnel, ne vous laissez pas abuser par ces gens, qu'ils soient malhonnêtes par ignorance, ou par manque d'expérience, ou qu'ils le soient en toute conscience. Les titres, les coûts élevés pour se faire traiter ou se former (la croyance que ce qui est cher est forcément exceptionnel), ou les éventuelles publications scientifiques, ne sont pas non plus des garanties.

Si vous ne vous sentez pas en mesure de comprendre les méandres de la neurologie ou de la neuropsychologie, regardez si l'intervenant a été formé par l'un des grands noms que j'ai cités : Paul Landon, Svetlana Masgutova, Peter et/ou Sally Blythe-Goddard, Harald Bloomberg, Paul Dennison, ou Mats Niklasson. Absolument personne d'autre qu'eux n'a trouvé, ou inventé, quoi que ce soit de nouveau, et encore moins de révolutionnaire, dans le domaine des réflexes archaïques, ou à partir des réflexes archaïques.

Sachant que seule Svetlana Masgutova est capable de donner des explications relativement précises au niveau neurophysiologique et neuropsychologique.

Tout autre prétendu spécialiste ne fait que les plagier (souvent très mal), ou extrapoler des bêtises qu'un véritable spécialiste peut démonter très rapidement.

A titre d'exemples, un organisme de formation qui a pignon sur rue dans les professions paramédicales, propose une série de formations "Parcours DYS" à 1 920 euros, dispensé par des... pédicures podologues... qui ne sont évidemment pas du tout formé en psychologie cognitive... Egalement une formation sur les réflexes archaïques pour la modique somme de 1 520 euros, dispensé par un masseur kinésithérapeute kinésiologue énergétique, pas du tout formé à la neuropsychologie évidemment, avec en cerise sur le gâteau "une méthode novatrice d'intégration" qui n'a jamais été soumise à l'expertise des spécialistes de longue date cités plus haut, bien évidemment...

Le pire mystificateur est sans aucun doute l'américain Robert Melillo, chiropracteur, qui s'est autoproclamé en à peine 10 ans Docteur en neurophysiologie et en neuropsychologie, et prétend traiter de manière révolutionnaire (c'est dingue ce qu'il y a comme génies tout à coup) n'importe quel trouble dit "neurodéveloppemental" (autisme, troubles dys-, TDAH), y compris d'intégrer les réflexes archaïques avec des sons, ainsi que des lunettes colorées et des petites lumières clignotantes... Je pense que si Ivan Pavlov et Jean Piaget resuscitaient, il en riraient aux éclats...

La plupart des « amateurs » n'osent pas aller aussi loin dans la supercherie et se contentent de dire des choses très générales. Il suffit de visiter plusieurs site internet pour réaliser qu'ils disent tous à peu près le même chose, de la même manière.

Comparez ce qu'ils racontent avec le site de Paul Landon. Si l'intervenant tient les mêmes discours, sans citer l'IMP ou Paul Landon, il se contente de le plagier pour s'éviter la peine de creuser le sujet.

Regardez également ce qu'il propose et évitez ceux qui ne disent pas comment ils s'y prennent, ou qui prétendent le faire à l'aide :

  • De lumières, de couleurs, de sons, ou d'odeurs,
  • De prétendues "stimulations" de votre cerveau (droit ou gauche, mésencéphale, cervelet, tronc cérébral),
  • D'exercices à réaliser quotidiennement chez soi,
  • D'appareillages, comme des semelles sous les pieds par exemple,
  • Ou d'intégrer plusieurs réflexes archaïques à la fois en intégrant seulement certains d'entre eux.
  • Ou de travailler des réflexes qui n'existent pas dans la liste des 300 réflexes et signes référencés scientifiquement.

La seule véritable garantie d'expertise est la capacité de l'intervenant à vous expliquer de manière précise, cohérente et vérifiable, que tel réflexe archaïque produit telle(s) perturbation(s) précise(s) dans votre système nerveux, que telle procédure d'intégration modifie telle(s) chose(s) précise(s), et que cela se contrôle avant/après à l'aide de tel(s) test(s), ou faits objectifs, que n'importe qui d'autre peut pratiquer sur vous, ou constater, avec le même résultat.

N'hésitez pas non plus à me contacter pour me faire part de vos questions ou de vos doutes. Je me ferai un plaisir de vous répondre.


Bibliographie

McPhillips, M., & Jordan-Black, J. A. (2007). Primary reflex persistence in children with reading difficulties (dyslexia): A cross-sectional study. Neuropsychologia, 45(4), 748–754.

McPhillips, M., & Sheehy, N. (2004). Prevalence of persistent primary reflexes and motor problems in children with reading difficulties. Dyslexia, 10(4), 316–338.

McPhillips, M., Hepper, P. G., & Mulhern, G. (2000). Effect of replicating primary reflex movements on specific reading difficulties in children. A randomized, double blind, controlled trial. The Lancet, 355, 537–541.

Paillard, J. (1974). Le traitement des informations spatiales. De l'espace Corporel à l'espace Écologique, 7–54.

Paillard, J., & Brouchon, M. (1968). Active and passive movements in the calibration of position sense. In The neuropsychology of spatially oriented behavior (Chapter 3, pp. 37–55). Dorsey Press.